Partir

«Le désir d’ailleurs a toujours sollicité vivement les âmes à peine trempées, blessées ou douloureuses. Le voyage est pourvoyeur d’horizons qu’on imagine neufs, lorsqu’en partance pour le bout du monde, on oublie qu’on est toujours dédespérément et irrémédiablement seul, condamné à sa proper compagnie. D’aucuns voient dans cette sapience élémentaire un argument pour ne jamais quitter leur chambre, voyager en elle et demander à leur seule âme les images et les idées qu’um dépaysement pretend assurer. Qui écrira un jour, pourtant, ce que doivent les oeuvres esthétiques, donc les idées, aux voyages, exils, déracinements, et autres départs pour de nouvelles illuminations?

Lorsque ce ne sont pas seulement les individus qui aspirant à l’ailleurs, ce sont aussi parfois des civilisations, voire des époques, sinon des corporations ou des cristallisations grégaires qui en font la promotion et l’usage.»

Michel Onfray, Métaphysique des ruines

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